Ils défient l'altitude au sommet de l'Aconcagua
C’est le plus haut sommet des Amériques, la plus haute montagne de l’hémisphère sud et le deuxième des 7 sommets les plus hauts de chaque continent : L’Aconcagua dans la cordillère des Andes en Argentine culmine à près de 7000 mètres. C’est une des montagnes les plus populaires au monde pour les "trekkeurs" de haute altitude car son ascension est réputée non technique c’est à dire qu’elle ne nécessite pas d’équipements de grimpe spéciaux tels que piolets ou cordes. Mais sans doute pour cette raison sa difficulté est souvent sous-estimée. Environ 40% seulement de ceux qui tentent l’ascension atteignent l’objectif. Et le premier ennemi est tout simplement l’altitude. Grimper jusqu’au sommet à 6962 mètres représente un véritable défi pour l’organisme de l’homme.
"Les Engagés" des entrepreneurs et aventuriers qui se sont déjà frottés à la traversée du Groenland en autonomie et que l’on a pu suivre en live ont décidé de relever le défi. Et au mois de janvier, qui est pourtant la période la plus propice à l’ascension les statistiques sont cruelles : "Ce mois-ci le pourcentage de réussite d’arrivée au sommet est de 20%. On croise les doigts pour les prochains jours" indiquent Maxime Laine et Thomas Tirtiaux.
Le mal aigu des montagnes
D’abord il y a les conditions météo au sommet bien sûr : des températures largement négatives et le vent qui peut aggraver sensiblement la situation. "Il faut que le vent soit inférieur à 50km/h quand nous arriverons au sommet pour éviter la chute sur la corniche. Aujourd’hui les vents sont à 85km/h" témoigne Thomas
Mais la première cause d’échec c’est l’altitude.
Faisons un rapide calcul : le camp de base à partir duquel les choses sérieuses commencent vraiment se situe à 4400 mètres d’altitude, le sommet est à 6962 m soit un peu plus de 2500 mètres de dénivelé. S’il l’on applique la simpliste règle de la progression de trek en montagne de "1 heure pour 300 m d’ascension" on se dit que le sommet est à portée en 9 heures ! La réalité est qu’une telle ascension est impossible en une seule journée, même en se levant très tôt. Et c’est votre corps qui vous le rappellera bien vite… avant même d’arriver au camp de base à 4400 mètres.
Le mal de tête, c’est la manifestation la plus commune qui apparait. Pour certaines personnes il se fera sentir dès 2500 ou 3000 mètres d’altitude, pour beaucoup vers 4000 mètres. Peuvent survenir ensuite les nausées, les vertiges, la fatigue, les insomnies, les hallucinations. C’est le mal des montagnes et nous ne sommes pas tous égaux face à lui. C’est génétique … indifféremment de l’age ou de la condition physique nous y sommes plus ou moins sensibles. Si on néglige le mal aigu des montagnes, qu’on ne le prend pas en charge correctement (en redescendant) il peut aboutir dans les cas extrêmes à des oedèmes pulmonaires ou cérébraux.
Acclimatation à l’altitude
Avec l’altitude, la pression atmosphérique décroit et l’oxygène disponible à chaque inspiration diminue. C’est l’hypoxie : l’organisme n’a pas assez d’apport en oxygène pour ses besoins. A 5000 mètres d’altitude, la quantité d’oxygène disponible est divisée par 2 par rapport au niveau de la mer. Le moindre effort peu devenir pénible, entrainer des vertiges et même dormir devient un défi comme le décrit Thomas :
"Nos respirations ressemblent plus à celle de petits chiens essoufflés. Pour palier le manque d’oxygène à notre altitude, notre corps hyperventile. C’est comme si tu essayais de t’endormir en courant en même temps. Dès qu’on ferme les yeux, on est réveillés en sursaut par manque d’air."Thomas Tirtiaux
Les manifestations du mal des montagnes apparaissent environ après 8 heures passés en haute altitude. Plus la montée en altitude est rapide, plus les manifestations sont violentes. En revanche elles ont tendance à s’estomper avec le temps : le corps s’acclimate … encore une fois plus ou moins bien selon les personnes. Pour aider l’organisme, il faut s’hydrater énormément (au moins 5 litre d’eau par jour) et surtout progresser lentement. Quoi qu’il en soit avant d’atteindre le sommet de l’Aconcagua il faudra en passer par plusieurs étapes à des altitudes intermédiaires pour laisser le temps à l’organisme de s’acclimater. Et si les symptômes persistent voir s’aggravent il faut se résoudre à redescendre et abandonner.
Ainsi, le long du chemin qui mène au sommet, des camps sont installés à des altitudes intermédiaires. Dans la pratique, Thomas et Maxime ont d’abord réalisé le portage d’une partie de leur équipement vers un camp d’altitude supérieure à 5600 mètres. Comme tout l’équipement ne peut être monté en une seule fois (l’effort demandé serait trop difficile à cette altitude) plusieurs allers retours sont nécessaires. Ils testent alors une nuit à 5600 mètres et redescendent de nouveau pour laisser plus de temps à l’acclimatation et se reposer avant l’ascension définitive qui se déroulera en 2 étapes : 2 nuits à 5600 mètres avant de viser le sommet.
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