Tracking GPS, internet par satellite ... Comment les aventuriers restent connectés partout dans le monde.

06/05/2019  

Le 13 janvier 2019 au matin l'aventurier Français Matthieu Tordeur sort de sa tente plantée au beau milieu de l'Antarctique à 2800 mètres d'altitude. Après 50 jours en solitaire et en autonomie dans ce désert de glace, il se trouve désormais à 10 kilomètres du Pôle Sud, son objectif. A 15000 km de là, les milliers de curieux qui suivent son aventure sur liveXplorer savent très exactement où il se trouve et combien de kilomètres il lui restent à parcourir. Ils savent que le soleil brille et que la température ressentie est de -35°C. Ils guettent le départ de Matthieu et durant les quelques heures qui suivent, ils vont accompagner chacun de ses pas (sa position est actualisée toutes les 10 minutes) et surveiller le compteur qui égrène les centaines de mètres restants.

L'aventurier Matthieu Tordeur lors de son entrainement en Norvège
L'aventurier Matthieu Tordeur lors de son entrainement en Norvège - Credits : Matthieu Tordeur

" Et alors !? moi je mets ma tenue de jogging, je lance mon appli sur mon smartphone et tous mes amis suivent mes déambulations dans la ville ! "
C'est effectivement un des petits miracles qu'accomplit la technologie pour nous chaque jour . À en devenir banal ... tant que notre opérateur a planté une antenne relais à proximité. Mais voilà, en Antarctique, il n'y a pas de réseaux téléphoniques, il n'y pas de wifi, il n'y a même pas d'électricité et vous avez beau dégainer votre iPhone dernier cri, Google Maps ne pourra pas vous indiquer votre position (pour lui de toute façon la terre s'arrête à 85° de latitude) et vous ne pourrez même pas composer le numéro d'urgence si vous avez perdu votre route dans le blizzard.

Mais où que vous soyez à la surface de la planète, au pôle sud, au sommet de l'Everest, au milieu de l'Océan Pacifique ou de la jungle Amazonienne vous pouvez trouver votre salut en vous tournant vers le ciel ... pour communiquer tout du moins.
A des centaines de kilomètres au dessus de nos têtes, les satellites de télécommunication ont une vue imprenable sur toute la planète et peuvent échanger avec une flopée de dispositifs plus ou moins onéreux pour vous permettre de garder le contact avec votre communauté. Au delà de partager votre aventure sur liveXplorer depuis un endroit désertique du globe, ces technologies sont garantes d'une certaine sécurité pour les aventuriers et explorateurs. Aujourd'hui, lorsqu'un skipper du Vendée Globe subi une grave avarie dans les quarantièmes rugissants, il déclenche sa balise de détresse et les secours sont prévenus dans les minutes qui suivent avec sa position exacte.

Equipé d'un tracker GPS et d'un terminal de connexion à internet par satellite, le jeune aventurier belge Arnaud Maldague à partagé en temps réel sa traversée du grand nord Canadien pendant plusieurs mois
Equipé d'un tracker GPS et d'un terminal de connexion à internet par satellite, le jeune aventurier belge Arnaud Maldague à partagé en temps réel sa traversée du grand nord Canadien pendant plusieurs mois

Quels équipements pour quels usages ?

Les balises de détresse

Également appelées PLB pour Personnal Locator Beacon, ce dispositif a un et un seul rôle : Déclencher un appel de détresse pour solliciter des secours. Il ne s’utilise donc qu’en dernier ressort quand votre survie est menacée.
Il repose sur une plateforme officielle et internationale financée par les états (et donc gratuite hormis l’achat de la balise) et nécessite que votre radio-balise soit enregistrée auprès de l’organisme qui gère le système dans votre pays ( en France il s’agit du CNES - Centre National d’Etudes Spatiales). Ces balises utilisent le système satellitaires COSPAS-SARSAT - mis en oeuvre conjointement par la France, le Canada, les Etats-Unis et la Russie - qui garantit un balayage de chaque point du globe toutes les 20 minutes.
Typiquement c’est le genre de balise que l’on emporte lorsque l’on envisage de faire un tour du monde à la voile en autonomie ou dans des lieux extrêmement isolés sans possibilité de faire appel à des secours sur place.

Les dispositifs de guidage par satellite

Il s’agit ici aussi bien du GPS de votre voiture, que de votre smartphone, d’une montre GPS ou d’un dispositif de guidage portable. Fondamentalement ces appareils se contentent d’obtenir votre géolocalisation à partir du système de satellites GPS (ou GLONASS ou Galileo, voir plus loin), de l’afficher sur une carte et à partir de cela de vous donner des indications sur la direction à suivre. A la base, il ne communiquent pas votre position à autrui et c’est donc en réception seulement qu’ils fonctionnent. Ainsi, votre smartphone, même privé de tout réseau d’opérateur sera capable d'obtenir votre position GPS même si vous êtes incapable de la communiquer à qui que ce soit.
Dans cette catégorie d’appareil on trouve notamment les montres de randonnée. Vous utiliserez ces dispositifs lorsque vous devrez évoluer hors des sentiers tracés ou quand il n’y a pas d’indications de direction.
Naturellement il existe des appareils qui en plus du guidage offrent des fonctionnalités de communication comme nous le verrons plus loin. Si l’appareil de guidage ne possède pas de système de communication vous devrez au préalable télécharger dessus la carte de la zone dans laquelle vous évoluez ou utiliser la carte déjà incluse dans l’appareil.

Les dispositifs de suivi ou «tracking»

Ces appareils ont pour intérêt principal de communiquer votre position de sorte que vos proches ou votre communauté puissent savoir où vous vous trouvez . C’est ce genre d’appareil qui est nécessaire pour partager votre aventure avec liveXplorer. Pour obtenir ce résultat, ils doivent combiner deux fonctionnalités : obtenir votre géolocalisation par l’intermédiaire du système GPS (ou GLONASS ou Galileo) communiquer cette position à une plateforme en utilisant un autre système satellitaire pour la télécommunication. Il faut garder à l’esprit que le système GPS permet à votre appareil de déterminer sa position mais en aucun de la communiquer. C’est ainsi que pour utiliser ce type de dispositif vous devez souscrire à un abonnement de communication par satellite qui représente donc un coût additionnel à l’acquisition de la balise.

Il existe plusieurs systèmes de communication par satellite qui proposent des couvertures différentes de la surface du globe et également des débits de communication différents : GlobalStar, Iridium, Inmarsat, Turaya (voir plus bas). Une seule de ces constellations de satellites couvre l’intégralité du globe : le système Iridum. Si vous envisagez une aventure aux pôles vous devrez donc vous munir d’une balise Iridium - chaque modèle de balise n’est compatible qu’avec un système satellitaire.
Dans cette catégorie d’appareils, il en existe de très minimalistes et extrêmement compacts avec une autonomie importante qui ne comportent ni écran ni commande et se contentent d’obtenir votre position et de la communiquer (sans même l’afficher sur votre appareil - par exemple Spot Trace, SmartOne C) ou des plus sophistiqués qui possèdent un écran et peuvent être utilisés pour le guidage et vous permettent également d’envoyer de courts messages voir de déclencher un appel de détresse ( Spot Gen 3, Garmin Inreach ...) L’autonomie de ces derniers modèles est plus réduite. Ils nécessitent d’être rechargés plus régulièrement.

Exemple de dispositifs de communication par satellite
De gauche à droite et de haut en. bas : Spot trace, Smart One C, Spot Gen 3, Garmin Inreach, Iridium Go, iSat Hub

Les téléphones Satellites.

L’objectif de ces appareils est de vous permettre de communiquer par la voix (ce que ne permet pas la catégorie précédente) en passant par les satellites de communication et non pas par les antennes terrestres des opérateurs. Vous pouvez ainsi émettre et recevoir des appels même depuis des endroits complètement isolés du monde. Ces téléphones permettent également d’envoyer et de recevoir des messages texte et présentent parfois même des fonctionnalités de connectivité à internet rudimentaires qui permettent par exemple d’envoyer et de recevoir des e-mails.
Pour utiliser ce type d’appareil, vous devez souscrire un abonnement auprès d’un fournisseur de communication par satellite.

Les terminaux de connection à internet par satellite.

Faire transiter votre position géographique par le satellite représente une consommation de données extrêmement réduite et nécessite un débit très faible. En revanche, se connecter à internet par le satellite pour surfer sur le web, recevoir des données météos ou envoyer des photos demande une consommation de données plus importante et surtout des débits plus élevés. Aussi les appareils qui offrent ce type de fonctionnalités sont plus onéreux de même que les abonnements qu'ils exigent. Il existe cependant aujourd’hui des solutions relativement abordables pour pouvoir envoyer des photos directement vers votre page liveXplorer, recevoir des informations météo ou mettre à jour vos réseaux sociaux depuis n’importe quel endroit du monde. Dans cette catégorie d’appareils on trouve par exemple le Terminal assez populaire Iridium Go pour lequel il existe un abonnement illimité relativement abordable. Cet appareil propose cependant un débit de communication extrêmement lent (inférieur même au modem d'il y a 20 ans). Vous devrez donc vous armer de patience pour envoyer la moindre photo ... en contrepartie, vous pourrez le faire depuis n’importe quel endroit du globe.

Y voir plus clair dans les constellations de satellites.

GPS - GLONASS - Galiléo

Ce qu’on appel communément GPS représente les systèmes de géolocalisation par satellite. Il en existe en réalité plusieurs : le système Américain GPS, le système Russe GLONASS et le système Européen Galileo.
Le système Américain a été le premier déployé et disponible pour des applications civiles tout en couvrant l’intégralité du globe. Le sytème Européen n’est pas encore complètement déployé et les premiers services ne sont disponibles que depuis récemment.
Les Chinois ont également lancé leur propre constellation de satellites : Beidou (qui ne couvre pour le moment que le territoire Chinois).

Iridium

Il s’agit d’une constellation de 66 satellites de communication qui couvrent l’intégralité du globe, y compris les pôles. C’est l’unique système qui procure cette couverture globale. Les débits sont en revanche extrêmement faibles. Une deuxième génération de satellites est en cours de mise en place pour proposer de meilleurs services.

Globalstar

Il s’agit d’une constellation de satellites géostationnaires (leur position par rapport au globe est fixe) exploitée notamment par les très populaires balises de tracking Spot. La zone de couverture pour ces balises comprend pratiquement toutes les terres à l'exception de l'Afrique Equatoriale et la pointe de l'Inde. Les terres arctiques et antarctiques ne sont pas couvertes non plus à l'exception de la moitié sud du Groenland, de la majeure partie du Canada et de l'Alaska. La zone de couverture pour la téléphonie est plus restreinte.

Inmarsat

Cette constellation de satellites de communication est largement utilisée dans le domaine maritime. Elle permet des débits relativement importants qui autorisent l’échange de format lourds tels que la vidéo. Les dispositifs de transmission sont cependant volumineux, lourds et peu adaptés à un usage individuel. Inmarsat propose néanmoins un terminal portatif le iSatHub plus volumineux et plus coûteux que Iridium go mais avec des débits bien supérieurs. Inmarsat couvre la quasi-totalité du globe à l'exception des régions polaires.