"J'irai dormir au sommet d'un volcan" - Micro aventure

14/09/2019  

"Voir le monde d’en haut, plus loin que l’horizon, slalomer entre les nuages, puis s’en extraire et les dominer pour avoir l’impression de voler. Observer la course du soleil finir en un feu d’artifice de couleurs qui laisse en guise d’étincelles une myriade d’étoiles sous lesquelles on s’endort paisiblement en attendant d’assister, aux premières loges, à la naissance d’un nouveau jour, d’un nouveau monde que l’on contemple pour la première fois."

Les ingrédients de l’aventure.

Ce qui pourrait être la description d’un rêve peu devenir une expérience tout à fait réelle qui combine plusieurs ingrédients de l’aventure : relever un défi physique en gravissant un sommet, sortir de sa zone de confort en dormant à la belle étoile, explorer un lieu hors du commun en parcourant la caldeira d’un volcan et contempler un panorama grandioses.

Une île perdue au milieu de l’océan.

C’est au milieu de l’Atlantique et pourtant bien en Europe que se trouve la destination de notre micro-aventure : Le mont Pico dans l’archipel des Açores. Il s’agit d’un volcan en sommeil qui culmine à 2351 mètres d’altitude et domine largement l’île du même nom (c’est en fait le point culminant du Portugal dont font partie les Açores).
Ainsi, depuis son sommet on se trouve au dessus des nuages de l’étage inférieur (cumulus et stratocumulus) s’il devait y en avoir, et l’horizon parfaitement dégagé laisse une vue sur la mer à 360° et permet d’observer également d'autres îles de l’archipel : un panorama à couper le souffle !

La caldeira du Volcan Pico dans l'archipel des Açores
La caldeira du Volcan Pico dans l'archipel des Açores | Photo : liveXplorer

A propos de l’horizon

Lorsque nous nous trouvons au niveau de la mer avec un horizon parfaitement dégagé et un relief plat notre regard ne peut porter qu’à environ 5 kilomètres maximum. C’est ce qui constitue l’horizon et la raison en est la rotondité de la Terre. (il est naturellement possible de voir des reliefs à une plus grande distance en fonction de leur élévation au dessus du niveau de la mer). Plus on s’élève en altitude, plus cette distance augmente.
Au sommet du Mont Pico on peut espérer voir à 170 km à la ronde si le ciel est dégagé et l’atmosphère limpide.

Le sentier qui monte au sommet du volcan Pico

Il faut bien en baver un peu !

L’ascension du Pico n’est pas techniquement compliquée. Il existe un parcours bien balisé et relativement sûr. En revanche elle est physiquement éprouvante. La montée est plutôt escarpée et bien que l’on puisse se rendre en véhicule jusqu’à 1230 m d’altitude il reste malgré tout plus de 1100 mètres de dénivelé positif à avaler. Il faut au moins 3 heures de marche pour atteindre le sommet.
Par ailleurs, puisque l’objectif est de passer la nuit dans la caldeira du volcan nous montons avec 2,5 litres d’eau, de la nourriture, de quoi dormir à la belle étoiles et des vêtements adaptés pour passer une nuit à une température de 5°C (à la fin de l’été). C’est donc un poids non négligeable qui vient s’ajouter à l’effort.

Une ascension entre les nuages
Une ascension entre les nuages | Photo : liveXplorer

L’heure dorée.

C’est une notion bien connue des photographes : Le monde apparait sous son meilleur jour dans l’heure qui précède le coucher du soleil et celle qui suit son lever. C’est l’heure dorée. La lumière est plus douce, plus chaude, le paysage apparaît sublimé.
Et bien sûr, impossible de louper le coucher et le lever proprement dit ou le jeu des lumières avec les nuages et la mer fait exploser le ciel de couleurs.

Il est donc nécessaire de planifier son ascension, arriver suffisamment tôt pour avoir le temps d’installer son campement (une fois la nuit tombée c’est plus compliqué), et pouvoir enfin profiter sereinement du spectacle.

Le soleil se lève sur l'ile de Pico
Le soleil se lève sur l'ile de Pico | Photo : liveXplorer

Quand vient la nuit.

Au sommet du volcan une large caldera (le cratère du volcan) comporte des empalements plats permettant d’installer une tente et autour desquels des précédents occupants ont érigé des petits murs de pierre pour se protéger du vent.
Mais pour vivre à fond l’expérience, on préférera dormir à la belle étoile, s’assoupir bercé par le spectacle de la voute céleste.

Pour que cela se passe le mieux possible, quelques précautions sont nécessaires afin de gérer les conditions climatiques.
Lorsque l’on a pas l'expérience des randonnées en altitude, on peut facilement oublier que la température sur les sommets est très différente de celle qui règne à basse altitude. En moyenne la température baisse d’environ 7°C pour un gain d’altitude de 1000 mètres. Ensuite la température baisse dès que le soleil se couche puis pendant la nuit pour atteindre sa plus faible valeur quelque temps avant le lever du soleil.
Ainsi vous pouvez démarrer une ascension en short et T-shirt par une température agréable de 25°c puis vous retrouver à 5°c au sommet la nuit. Le vent et l’humidité participent à augmenter la sensation de froid. Il est donc impératif de partir avec différentes couches de vêtements dans son sac à dos pour s’adapter à l’évolution de la température et avoir une tenue de rechange pour être sûr de passer la nuit au sec (les vêtements portés pendant l’ascension pouvant être rendus humide par la transpiration).
Il est également indispensable de prévoir un duvet approprié à ce type de température. Même en prenant la précaution de vérifier la météo, bien malin qui peut prévoir ce qu’il va se passer pendant toute la nuit à plus de 2000 m d’altitude. Un bivy bag (sur-sac de couchage imperméable) est donc nécessaire pour protéger le duvet de l’humidité, voir même de la pluie, sans quoi, une fois humide, ce dernier perd une bonne partie de sa capacité à vous garder au chaud.

Enfin, on oublie pas de mettre le smartphone à sonner pour se réveiller une heure avant le lever du soleil. Il serait dommage de rater le spectacle.

L'ombre du mont Pico se projète jusque sur la mer
L'ombre du mont Pico se projète jusque sur la mer | Photo : liveXplorer

En pratique.

La sécurité.

Le mont Pico se trouve dans une zone protégée. Il est nécessaire d’obtenir un permis pour en faire l’ascension et de payer un droit de 20€ + 10€ pour y rester la nuit. En contrepartie vous bénéficiez d’un cadre sécurisé puisqu’on vous fourni une balise de détresse et qu'un service de secours est disponible 24 heures sur 24 à 1230m au départ de la randonnée. Cela ne doit pas vous dispenser de prendre les précautions habituelles de sécurité et notamment d’emporter une petite trousse de secours. Le réseau cellulaire 3G/4G est disponible jusqu’au sommet à l’exception de l’intérieur de la caldeira.

Pour se préparer

  • Vérifier la météo pour choisir le jour le plus clément.
  • Contacter la "Casa Do Montanha" (accueil au départ de la randonnée) 48 heures à l’avance pour signaler votre intention de rester la nuit au sommet. En pleine saison une régulation est effectuée pour préserver la sécurité et limiter les nuisances sur l’environnement.
  • Vérifier les horaires de coucher et lever du soleil (démarrer l’ascension au moins 4 heures avant le coucher du soleil)
  • Faire au préalable une randonnée plus modeste pour "se mettre en jambe"
  • Vous pouvez vous rendre au départ de la randonnée en taxi, en véhicule de location ou en stop (qui fonctionne plutôt bien aux Açores). Si vous décidez de le faire à pied, sachez que la "Casa Do Montanha" est à 12 km du village le plus proche et que vous aurez en outre 1300 mètres de dénivelé positif supplémentaire à parcourir.

Dans notre sac à dos.

Duvet confort 4°C • bivy bag • matelas gonflable compact • tapis de sol • 2,5 litres d’eau • sandwichs et encas divers • lampe frontale • trousse de secours et crème solaire • téléphone portable • batterie externe pour téléphone portable • sac étanche pour protéger les objets sensibles en cas de pluie • sous-couche chaude (haut et bas) pour la nuit • pull en polaire • soft shell • coupe-vent imperméable • pantalon de randonnée • sous vêtements de rechange (à garder au sec).